Près d’un an après son échec aux Jeux Olympiques de Paris 2024, la gymnaste Mélanie De Jesus Dos Santos sort du silence. Entre douleurs, reconstructions et espoir de renouveau, elle livre un témoignage poignant.
“Je ne me rappelais pas avoir été aussi triste”
On l’avait quittée en larmes, accrochée à ses rêves effondrés, dans l’arène de Bercy. Mélanie De Jesus Dos Santos, visage de la gymnastique française, n’avait pas passé les qualifications lors des JO de Paris. Aucun podium. Aucune finale. Juste une immense détresse. Et depuis, un silence long de dix mois.
Ce 25 juin, elle a enfin parlé. Dans L’Équipe et sur Olympics.com, elle décrit ce que fut cette journée à Paris. “Horrible ! Juste d’en parler…” confie-t-elle. “J’ai revu mon interview d’après qualif, je pleurais… Je me souvenais du moment, mais pas que j’étais aussi triste.”
Une équipe épuisée, une pression écrasante
Elle raconte la fatigue mentale, la pression collective, l’épuisement physique. “L’équipe était dévastée… On avait toutes besoin de rentrer chez nous.” Les Jeux de Paris, censés être une fête, ont tourné au cauchemar. Pas seulement sportivement. Humainement. Mentalement.
Alors Mélanie a fui. Direction la Martinique, sa terre natale. “Là où je me sens bien.” Là où elle avait quitté les siens à 12 ans pour poursuivre son rêve de haut niveau. Ce retour aux sources, silencieux, fut une première étape dans la reconstruction.
“Je ne suis pas retournée dans un gymnase depuis les Jeux”
Elle l’avoue sans détour : depuis cet été 2024, elle n’a pas remis les pieds dans un gymnase. “Sauf pour accompagner une amie”, dit-elle. Pas de barres, pas de poutre, pas de praticable. Elle marche. Elle nage. Elle court. Elle respire.
Et pourtant, une lumière a jailli dans ce tunnel. Une tournée américaine aux côtés de Simone Biles, le Gold Over America Tour, l’a reconnectée à ce qu’elle appelle “la gym plaisir”. “Sans pression. Sans résultats. Juste pour moi. Cette tournée est la meilleure chose qui aurait pu m’arriver après les Jeux.”
“Je ne terminerai pas sur ce qu’il s’est passé à Paris”
Va-t-elle revenir ? Elle ne le sait pas encore. Elle ne veut pas forcer. Mais une chose est sûre : elle ne veut pas finir sur cette image de défaite. “J’ai fait trop de sacrifices pour en rester là.” Le feu sacré n’est pas éteint, mais il vacille. “Je ne suis pas prête à dire que j’arrête, ni prête à revenir. Je me laisse le droit de sentir, de décider, plus tard.”
Elle a été approchée pour rejoindre la NCAA américaine. Elle a refusé, pour l’instant. Trop de pression collective, trop de cicatrices ouvertes. Mais elle laisse une porte entrouverte. “Je suis quelqu’un d’instinctif. Si je sens que je dois y aller, j’irai.”
“Je veux faire de la gym avec ma vraie personnalité”
Plus que jamais, Mélanie veut retrouver un cadre qui respecte qui elle est, comme celui qu’elle avait aux États-Unis avec Cécile et Laurent Landi. “Ce que je veux, c’est une pratique sincère. Pour moi. Pas pour cocher des cases.”
En attendant, elle prend soin d’elle. Loin des projecteurs. Loin des tapis. Mais plus lucide, plus forte, peut-être, que jamais. Une Mélanie libre. Enfin.